par Delphine Neimon, 22/09/20
« Des bits au hachoir, des paroles au couteau … un univers de cendres, un psychisme en ruines, une colère noire qui gicle à chaque vers … Maya Defay et Quentin Pourchot n’y vont pas avec le dos de la cuillère musicalo-poétique pour régler son compte à cette société impitoyable … et mettre en mots de fiel le malaise profond creusé dans nos cœurs par la soumission aux règles. Cerebro Dancing: le titre de leur EP vante une techno à penser, résonne comme une thérapie primale à coup de figures de styles mêlées d’insultes. Le choix des mots, le choc des tournures, le claquement des percus. Danser pour ne pas devenir dingue … ou pour l’être enfin pleinement. Assumer la déviance, la démence … et la cracher/crasher à la face du monde. Avec un vocabulaire d’une richesse sidérante. Des sonorités suintantes, venimeuses, qui se posent sur une rythmique de cœur affolé par l’acide. Le duo se réclame entre autres de Brigitte Fontaine, Gainsbourg et Magma … mais par delà la torture sonore infligée à ses synthés par le nécromant Pourchot et la tessiture hallucinée de la sorcière Defay, on distingue l’ombre d’une Diamanda Galas, des résurgences de Lautréamont électrique, les éructations d’une Lydia Lunch. Spoken word à l’œuvre, grande messe no wave tandis qu’Epilexique se tord de rage dans ses malédictions, avec une jubilation évidente, une provocation joyeuse et assumée. Bref l’esprit de contestation n’est pas mort, et le cocktail a tout du Molotov atomique.