par Michel Preumont, 20/02/21
«A Montpellier, il est une abeille qui butine les épigrammes comme d’autres recherchent le nectar enfoui dans le pistil des sourcis-de-Vénus, Mâya Defay a été salée dans Branlade de Morue , elle est désormais convulsée dans Epilexique. Comme bourdon, elle s’est choisi Quentin Pourchot, un jeune homme qui, il y a une dizaine d’années s’adonnait au flamenco au sein de Fantasia Flamenca, mais qui depuis s’amuse avec des boîtes à rythme, des synthés et d’autres ustensiles, inutiles en cuisine.
Donc, on commande une branlade de morue, on tombe sur Radio Alliance, fin 2017, Mâya Heuse-Defay (texte) et Quentin Pourchot (musique) slamment et turbinent avec des machines pour un spoken-word techno, baptisé ‘Le chant des marteaux-piqueurs’.
Piqué au vif, tu questionnes la toile, à la manière de Vassiliu, c’est qui cette nana, c’est qui ce lascar?
A Barbès, Maya, enfant, s’adonnait, comme Charlélie, à la couture, dans la poche d’un veston elle trouve un stylo à bille et se met à écrire, des textes déjà borderline, pour ne pas dire délique, faut manger, je distribue le courrier dans le Gard , j’étudie pour devenir l’équivalent de Marcel Griaule, spécialiste des Dogons, je continue à étaler mes pensées sur la page blanche et je conte mes récits à qui veut les entendre.
Mon modèle, c’est Brigitte Fontaine.
Au fond, pour narrer mes analyses freudiennes, un fond musical serait le bienvenu, c’est là qu’intervient Quentin Pourchot.
Un musicien avant-garde, influencé par Coltrane et Christian Vanderschueren, devenu Vander, pour ne pas ressembler à un coureur cycliste.
Il étudie le saxophone et les percussions exotiques, joue dans différentes formations avant de faire équipe avec celle qui s’est chargé de la direction artistique pour le livre sonore Hubert Félix Thiéfaine lit ‘Les carnets du sous–sol‘ (ou ‘Notes d’un souterrain’) de Fédor Dostoïevski.
Les branlades, c’est du passé, désormais, le duo s’est transformé en Epilexique.
Il existe un album ‘ Cérébro Dancing’ ( dix plages), c’est l’EP, quatre titres, que tu as sous la main.
1 Les Têtes.
2 Trump la Mort
3 C’est, c’était.
4 Coïto ergo soy orgasum in vitro veritas ejaculum.
L’avion va décoller, test PCR à bord, fasten your seat belt, let’s go!
Le moteur vrombit, quelques bleep bleep caoutchouteux annoncent ‘Les Têtes’ , Mâya, déchaînée, déblatère son laïus accusateur, Quentin est passé à la vitesse supérieure, il nous matraque avec une techno industrielle, brutale et obsédante.
Tu ne sais plus si il faut écouter les harangues de la harpie furibonde, qui font passer François Ruffin pour un boy-scout, ou te mettre à danser sur la hardcore techno ( style Angerfist) façonnée par son copain.
Toi et tes semblables n’ aviez aucune envie d’être comparés à du bétail, mais en réécoutant le texte, tu te dis que la poétesse slam a raison, on se fout de nous, on nous rend fous, à force de tourbillonner, nos têtes vont exploser.
Tu n’avais plus entendu un discours aussi fort depuis le show de Clotilde de Brito aux Escales de Binic, seulement, la gentille Clotilde fait dans le poétique subtil et raffiné, tandis que Mâya n’hésite pas à frapper sous la ceinture, la chienne!
‘ Trump la Mort’ n’est pas le morceau que Donald, qui échappe toujours aux destitutions, choisira pour l’accompagner lors de son dernier voyage, il est possible que les mycologues l’utilisent comme musique de fond pour une conférence sur le craterellus cornucopioides, mais ils risquent d’en perdre la saveur.
Entre frasques politico – sociales et lucidité exacerbée, le duo examine le paysage dévasté d’une société occidentale malade.
Elle n’épargne rien, ni personne, au passage si t’es fan de Walt, tu reconnaîtras Donald, forcément, Mickey Macron, l’invalide qui valide, t’as cherché Picsou, t’as vu le Tsar… allitérations et métaphores, chiasmes et litotes se succèdent, pas moyen de la brider, pendant près de six minutes, elle déblatère ses griefs, tandis que l’autre te balance sa panade technoïde hallucinée qui finit par te transformer en robot sans neurones.
T’as appelé Mar-a-Lago, pour lui demander son avis, can I speak to Donald, bitte!
Sorry, il se détend sur le parcours vert, le panneau dit DO NOT DISTURB!
T’as pas insisté, t’as essayé Marine, on t’a dit, elle est chez Tarik, couscous à volonté, ce soir!
Dernière option, sortir la carte de crédit pour se faire une ligne de poudre blanche.
Tu veux du saccadé, du fêlé, du complètement ravagé, écoute ‘ C’est, c’était’.
Comme elle l’éructe, c’était l’été, c’était la fête, maintenant c’est le bordel, t’es bon pour un séjour à l’ Oregon State Hospital, méfie-toi de Nurse Ratched!
Si tu t’en sors, tu peux adopter un chien et mener une vie saine quelque part dans le Couserans!
Pline l’Ancien: ‘ In Vino Veritas’.
‘In Vitro Verita’, une BD signée Lapuss’, dans le verre, quelques milliers de spermatozoïdes, pour résoudre les problèmes de stérilité.
‘ Coïto ergo soy orgasum in vitro veritas ejaculum’ , un détournement signé Epilexique.
Démarrage sermon en latin, signé Monseigneur Marcel Lefebvre, déjà sur base electro Chicks on Speed, avant un virage réseaux sociaux en folie.
Je like, je clique et puis je claque.
Voilà, tu es banni de Facebook, ce statut ne respecte pas nos standards de la communauté en matière de contenus indésirables.
En résumé, Epilexique est là pour te secouer, vigilance orange, vents violents, si Aquilon t’indispose, tu t’abstiens, si tu n’as pas froid aux yeux, tu tends l’oreille!